Ubud et le centre de Bali
Après le dynamisme festif de Kuta puis la douce tranquillité d’Amed et de ses environs, je découvre un troisième aspect de Bali en parvenant à Ubud. Cette ville, située au centre de l’île et constituant le point de départ idéal pour explorer le centre de Bali, est un lieu vivant et assez touristique, mais davantage prisé pour ses musées, ses artisans et sa cuisine traditionnelle que pour sa vie nocturne.
Les jardins du café Lotus, d'une beauté saisissante
Nous déposons nos sacs dans un charmant hôtel constitué de bungalows avant de partir explorer la ville. Nous marchons quelques kilomètres jusqu’au nord de la ville pour accéder au réputé musée national, qui présente une collection variée et assez exhaustive de l’art balinais, aussi bien ancien que contemporain.
Plutôt créatif...
Jardin du musée
En noir et blanc, photos de spectecle de Legong dans les années 30
Bien que n’étant guère familier avec la culture balinaise, je reste admiratif devant plusieurs des œuvres exposées. Si Bali est une île au territoire plutôt restreint, elle offre toutefois de nombreuses traditions parfaitement mises en valeur. Les artistes s’inspirent des croyances spécifiques balinaises, et nous sommes impressionnés par tant de diversité, chose à laquelle nous ne nous attendions pas. Décidemment, Bali regorge de richesses insoupçonnables.
Sur le chemin du retour, nous effectuons un détour à travers les rizières environnantes. Après avoir été enthousiasmé à la vue des rizières étagées autour d’Amed, nous sommes désormais enchantés de parcourir celles d’Ubud. C’est pour nous l’occasion de nous immiscer davantage dans la vie locale, d’observer avec attention le travail intense des paysans balinais. Les gestes lents mais assurés de ces derniers sont un régal pour les yeux et constituent un véritable spectacle dont il est difficile de se lasser.
Alentours d'Ubud
Sans raison apparente, Bali a cette particularité de rendre envoûtant les gestes de la vie quotidienne. Où que l’on se trouve sur l’île, il existe un tel condensé d’authenticité que l’atmosphère semble magique. Tellement magique que nous finissons par nous perdre dans les sinueux sentiers qui relient les rizières. Qu’à cela ne tienne, Bali nous offre le temps de profiter de la vie, et nous observerons aujourd’hui le coucher de soleil au milieu des champs.
La vie paradisiaque que nous menons ici semble ne jamais devoir s’arrêter, puisque nous faisons connaissance lors du dîner avec l’art culinaire de l’île. Les plats que nous dégustons sont d’une subtilité incroyable, jouant sur des saveurs sucrées-salées merveilleuses (les superlatifs commencent à me manquer…). Seule ombre de ce tableau enivrant, la chaleur qui rend parfois les nuits difficiles. Mais il paraît qu’une vague de froid a envahi la France, alors…
Instantanés du quotidien à d'Ubud
Entrée de la cave aux éléphants, et vues du jardin environnant
Nous passons les deux journées suivantes à sillonner la région.
Dans les environs proches d’Ubud, nous visitons le musée d’Antonio Blanco, peintre fantasque, qui s’auto proclame, à raison d’ailleurs, le « Dali de Bali ». Il justifie son imagination débordante par les richesses que lui offre Bali, et je ne peux qu’adhérer à son discours. Nous allons passons également par la caverne des éléphants, une grotte pittoresque mais quelque décevante en regard de la promotion qui en est faite dans les guides. Considérée comme un incontournable pour tout touriste qui se respecte, cette caverne qui abrite trois sculptures d’éléphants est tellement sombre que nous avons grand peine à distinguer les pachydermes de pierre. Il pourrait tout aussi bien s’agir de vulgaires cailloux que nous ne verrions pas la différence. Première mais toute relative déception depuis quelques jours (et j’ai presque envie de dire enfin, car nous risquerions de nous ennuyer à ne voir que du beau…).
Ce peintre concevait lui même le cadre de ses oeuvres, ce qui entraîne un résultat parfois détonnant !
Il s'agit de la "signature" de l'artiste (reconnue comme étant la plus grande au monde...)
Plus éloigné de la ville, nous partons voir quelques uns des autres « immanquables balinais ». Le tour débute par l’ancien palais de justice de Klungkung. Il s’agit d’un lieu important pour les habitants de l’île, puisque c’est l’un des rares vestiges remarquablement conservé de l’époque où Bali était indépendante (avant sa colonisation par les hollandais, puis son rattachement à l’Indonésie). C’est en effet ici que s’appliquait la justice royale lors des siècles précédents. Si le palais de justice est rempli d’histoire, son charme reste toutefois mince en regard de celui du temple de Besakih.
Cours de justice de Klungnkung
Juché en haut d’une colline, sur les premières pentes du volcan Agung, Besakih est l’un des symboles de Bali. Lors de la dernière éruption du volcan, la lave s’est arrêtée à quelques hectomètres du temple. Besakih qui était auparavant considéré comme un haut-lieu spirituel est après cet devenu la destination de pèlerinage de l’île. Il faut dire qu’à sa situation géographique particulière (une vue sur les côtes sud et est de Bali u visiteur s’offre depuis le temple), Besakih ajoute une architecture particulièrement aboutie. Les contours des édifices sont d’une finesse remarquable, et la couleur noire des tours s’insère à merveille dans la forêt environnante. L’ensemble dégage une indéniable touche de mysticisme, et il est aisé de comprendre que les balinais aient sacralisé cet endroit si particulier.
Cérémonial de la crémation, tradition balinaise ancestrale
Le temple de Besakih
Après être passés par d’autres lieux moins « prestigieux », nous sommes de retour à Ubud avec un programme chargé pour notre dernier jour : ascension matinale du mont Batur, l’autre volcan actif de l’île, puis visite du marché d’Ubud et enfin spectacle de Kecap et de Legong, deux des danses traditionnelles balinaises.
Nous sommes passés devnt une caverne remplie de chauve-souris, impressionnant !
Après un réveil aux aurores (assez douloureux il faut le reconnaître), nous arrivons en bas des pentes du volcan vers 4h du matin. Si l’heure s’avère aussi matinale c’est qu’il faut être présent au sommet afin d’assister au lever du soleil qui est, paraît-il, magnifique. Lampes torches à la main, nous escaladons le volcan accompagné de Jaya, un guide local. L’ascension n’est pas particulièrement difficile, mais nous imprimons un train assez soutenu afin d’être certain d’avoir de bonnes places à l’arrivée. Nous mettons ainsi à peine plus d’une heure, au lieu des deux prévues, pour atteindre le sommet. La contrepartie de cette arrivée anticipée est une attente qui nous paraît interminable tant le vent souffle fort. Mais nous sommes largement récompensés lorsqu’au dessus des nuages le soleil entame sa lente ascension. Un paysage ravissant se dévoile doucement sous nos yeux. Perchés à 1700 mètres, nous pouvons apercevoir les deux visages de la forêt balinaise. L’un que nous connaissions, verdoyant et tropical, et l’autre inattendu qui est le résultat de la dernière coulée de lave datant de 1999. Comme s’il existait une frontière entre deux mondes distincts, la luxuriante forêt se transforme soudainement en un no man’s land grisâtre. Le contraste est saisissant, et je me dis que je n’aurais pas aimé me trouver dans les parages lors de ce cataclysme.
Ca y'est, on l'a fait !!
Jaya, notre guide
Le soleil fait doucement son apparition
Plus au nord, nous pouvons apercevoir le mont Agung au pied duquel se trouve le lac Batur, avec en arrière-plan la mer de Bali. Les photos décriront mieux que les mots l’incroyable beauté de ce paysage…
En arrière-plan, le Mont Agung et le lac Batur
A droite, nous voyons bien les parties de la forêt recouvertes par la lave
Avec l’apparition du soleil la température se fait plus supportable et nous passons quelques heures à déambuler autour du cratère, pour apprécier le panorama sous différents angles de vue. Et malgré les minutes qui défilent, il nous est difficile d’entamer la descente tant nous sommes tous les trois heureux devant un tel spectacle. Mais toutes les bonnes choses ont une fin paraît-il, et nous rentrons finalement sur Ubud, les yeux toutefois remplis d’images formidables.
La pente est tout de même assez prononcée
Après une petite heure consacrée à parfaire notre bronzage autour de la piscine de notre hôtel, nous partons nous balader dans le marché d’Ubud, sorte de vaste bazar où s’entasse marchands d’épices, petites échoppes où se restaurer, mais également les sempiternels stands à touristes, qui proposent aussi bien des couteaux « made in Bali » que des assiettes typiques plastifiées (toutes uniques nous assurent les vendeurs), des pièces de viande à la date de péremption sans aucun doute caduque ou encore des clochettes semblables à celles que portent les vaches en Suisse. Un marché dans la plus pure tradition asiatique en somme…
Le marché d'Ubud
Moments de détente à Ubud (spa dans lequel est enchaînée une imposante chauve-souris,, canard laqué, bronzage...)
Nous concluons cette semaine passionnante par les spectacles de Kecap et de Legong. Le Kecap s’avère légèrement décevant comparé à la virtuosité des danseurs de Legong. Ces danses traditionnelles décrivent les légendes de Bali, avec l’arrivée des dieux qui chassent les démons pour ensuite déléguer le contrôle de l’île aux hommes. S’ensuit la course au pouvoir par les chefs des différents clans, ici symbolisée par la conquête d’une femme aux traits de déesse. Si l’intrigue ne m’enthousiasme pas spécialement, je suis en revanche soufflé par la prestation des danseurs. Ils évoluent tout au long des différentes scènes avec une lenteur et une amplitude qui leur confèrent une grâce exceptionnelle. Vêtus de tenues ancestrales flamboyantes et remarquablement maquillés, ils parviennent à surpasser la platitude relative du récit pour nous transporter dans leur monde, fait de magie et de féérie…
Le démon
C’est sur cette dernière touche de rêve que s’achèvent ces vacances à Bali. Les descriptions paradisiaques qui m’avaient été faites auparavant ont été totalement confirmé par mon expérience, et cette île restera à coup sûr comme l’un des meilleurs souvenirs de mon voyage. Par chance je n’aurai pas le temps d’être nostalgique puisque dès le lendemain je pars pour la dernière destination de ces six mois, l’Australie.
PS : Présentation de nos compagnons de fortune sur le Mont Batur...
En forme dès le lever du soleil "nos cousins"...