Singapour
Changement de décor radical, puisque me voici désormais à Singapour. Cette ville (ou pays, au choix) possède son propre caractère. Fini l’Asie paradisiaque, lascive, dans laquelle je flâne, m’étends et rêvasse depuis quelques mois. A Singapour, on file droit !
Vue aérienne de Singapour quelques minutes avant mon atterrissage
Malgré une nuit blanche à l’aéroport de Kuala Lumpur, j’arrive à mon auberge avec une motivation infaillible : « cet endroit a une âme, je vais la percer… ».
Mais quelques heures après ma mise en route, je m’aperçois de la difficulté de mon objectif. Parcourir Singapour, cela reste à la mesure du commun des mortels. S’y évader, au contraire, me paraît impossible. Bien que d’une rue à l’autre nous passions d’une architecture « Bollywoodienne » à un urbanisme « Manhattanesque », la foi me manque et j’ai du mal à m’enthousiasmer devant ce panorama « Disneylandesque ».
Finies les digressions, attardons nous sur les spécificités de Singapour. Territoire vierge conquis par les anglais au XIXème siècle, Singapour devient vite l’une des plaques tournante du commerce anglais en Asie. En témoignage de cette ère colonialiste, nous pouvons toujours observer des façades de bâtiments dont le style s’inspire largement de l’époque « nouvel empire ».
Bienvenus dans Little India !
J'avais oublié que Singapour était réputé pour sa forte criminalité...
Pour ma première journée sur place, je décide de me balader au nord de la ville. La promenade débute ainsi par une visite de Little India, quartier fantaisiste où les couleurs des façades riment avec Arlequin, et où l’on espère croiser Archimboldo à chaque « coin » de marché.
Brocante dans Little India
Le côté factice que j’entrevois aux alentours a beau calmer mes pulsions photographiques, je ne peux que m’incliner à mon retour à l’auberge et étudier les étapes du développement de la ville pour saisir davantage les antécédents historiques importants.
Oui, Singapour a une histoire. Oui Singapour a été un jour une ville semblable à ses consœurs asiatiques, c'est-à-dire colonisée mais conservant une part de ses origines culturelles. Aujourd’hui, cet état de fait m’est difficile à imaginer.
Le Raffles, plus vieil hôtel de la ville
Certes l’on croise quelques bâtiments anciens, sans aucun doute élevés lors de la mainmise britannique sur la région. Mais rénovés et désormais paraissant comme neufs, ces édifices ne présentent qu’un intérêt oculaire médiocre. Loin des plaisirs « siamesques » de la Thaïlande, des doux paysages balinais, me voici atterri dans une cité impeccable, mais totalement dénuée de charme.
L'église Saint-Pierre et Clark Quay
Il se dégage de Singapour un aspect sécuritaire que ne dénuerait pas une majorité de nos concitoyens (un endroit « idyllique » pour élever ses enfants comme dirait l’autre). Malheureusement, je ne suis pas venu chercher cela en Asie. Si je peux comprendre que le côté aseptisé de l’endroit attire un nombre grandissant d’expatriés, je ne peux m’empêcher d’être circonspect devant tant de culture bétonnée.
Aperçus du quartier musulman
Devant un tel constat, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur une telle réussite apparente. Si je n’ai qu’une maigre connaissance des coutumes locales, il est évident que tout membre syndiqué de la SNCF qui se respecte refuserait d‘effectuer un séminaire par ici. Les libertés que nous considérons, à juste titre, fondamentales sont conservées, telles le droit de libre expression, de vote, de grève… En revanche, il est intéressant de noter qu’à Singapour la vente de chewing-gum est interdite ainsi que le fait de fumer en ville (les membres du groupuscule « anti-Evin » pourraient s’en donner à cœur joie). De même, la délation semble, si ce n’est prônée, tout de moins encouragée, puisque diverses pancartes incitent les citadins à dénoncer les éventuels fautifs… Mais le pire reste à mes yeux l’odyssée que représente la traversée d’une rue. Si le feu n’est pas à l’avantage du piéton, et bien qu’aucun véhicule motorisé n’apparaisse à l’horizon, il est impossible de poser le pied sur le macadam sans se voir immédiatement réprimandé par un policier qui a vite fait de vous inculquer les bases d’une bonne éducation et de vous remettre dans le bon chemin. Ah, qu’il est dur de flâner dans les rues de Singapour…
Hall d'accueil d'un Mall, ainsi que l'un des nombreux foodcourts existants (à droite)
Enfin, je passe mes deux autres journées à Singapour à visiter le sud de la ville, soit le quartier chinois (le 13ème arrondissement aurait sa place aux journées du Patrimoine en comparaison de celui de Singapour…) ainsi qu’Orchoad Road, avenue célèbre pour ses malls. Rien de très excitant à mes yeux, je ne tenterai même pas de vous faire rêver par l’intermédiaire de ce blog.
Nous voici à Chinatown
Malgré tout, je persiste à comprendre que Singapour puisse exercer une certaine fascination chez certaines personnes. Tout semble tellement structuré et prémédité ici, qu’on ne risque guère d’y connaître une mauvaise surprise.
Je retiendrai comme point positif la mixité de la population et l’harmonie dans laquelle celle-ci semble évoluer. A contrario, il m’est impossible d’ôter de mon esprit l’aspect aseptisé des lieux.
Singapour, où la ville qui a renouvelé l’un de nos poèmes préférés :
« Ici, tout n’est qu’ordre et propreté,
Luxe, calme et sûreté. »
A vous de faire votre choix…