Cebu

Publié le par Flavien Pilyser

Mon retour à Manille est bref puisque nous arrivons avec Nicolas vers 20h en ville, et que je dois être à l’aéroport à 2h du matin pour partir en direction de Cebu. Nicolas rentre lui le lendemain au Canada après sept mois de voyage et nous organisons pour sa dernière soirée une petite fête à l’auberge. Après une partie de poker endiablée et quelques karaokés improvisés vient l’heure des adieux.  Nous n’aurons passé que quelques jours ensemble, mais l’entente était bonne entre nous et nous nous serions bien vus continuer ce voyage tous les deux pendant quelques temps. Enfin me voici de retour à la situation initiale, seul avec mes trente kilos sur le dos, et prêt à faire de nouvelles rencontres.

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Port de Cebu

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Sur le bateau, le ton est donné d'entrée

J’arrive à l’aube à Cebu et me rends directement au port prendre un ferry pour Bohol. Cette île présente deux intérêts touristiques majeurs : les chocolate hills, une série de collines toutes identiques, et les tarpiens, plus petits primates au monde.

Plutôt fatigué après cette courte nuit passée à l’aéroport de Manille, je décide toutefois de lutter contre le sommeil et sitôt mes affaires déposées dans un hôtel, je pars observer ces fameuses collines. Arrivé sur la fin de mon voyage je commence à manquer d’argent et décide de prendre les transports en commun locaux, les bemos, au lieu d’un taxi. Je mets ainsi près de 2h30 pour me rendre au centre de l’île (environ 40 kilomètres de trajet) !

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Trajet en bemo

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Une fois sur place il me faut gravir une des collines sous une température de 40°C, afin de bénéficier d’une vue d’ensemble sur les « montagnes en chocolat ». Bien qu’étant désormais habitué aux fortes chaleurs, j’éprouve beaucoup de peine à parvenir au sommet, mais tiens le coup en me disant qu’une fois là-haut, je verrais mes efforts récompensés.

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Les fameuses chocolate hills

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Or ma déception est proportionnelle à ma fatigue, puisqu’une fois l’ascension réalisée, c’est une série de collines plutôt quelconques qui s’étend sous mes yeux. Si celles-ci ont effectivement une forme arrondie particulière, je me serais toutefois contenté de quelques photos. Le paysage ne présente rien d’exceptionnel, ni même de ravissant, et une vague de résignation me gagne à ce moment, sans doute causée par le mélange de déception et la fatigue du voyage. Les chocolate hills ne sont rien moins que le résultat d’une campagne promotionnelle destinée à développer le tourisme sur cette île pauvre du sud des Philippines.

Je me force à positiver en me disant que les tarpiens vont me rendre le sourire. Mais la chance semble m’avoir fuit aujourd’hui, puisque des locaux m’expliquent qu’en cette saison les primates se réfugient dans une zone difficilement accessible de la forêt et qu’aucun guide ne consentira à m’y emmener. Mon seul lot de consolation à cet instant consiste à imaginer le lit douillet qui m’attend à l’hôtel et qui devrait me permettre de combler mon manque de sommeil avant d’aller visiter Cebu, dès le lendemain.

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C’est donc après une nuit réparatrice que je prends de nouveau le ferry pour retourner à Cebu, la plus ancienne des villes Philippines, découverte en 1521 par les espagnols. Bien qu’elle soit déconseillée par les guides de voyage, qui la décrivent comme une ville dangereuse et ne présentant qu’un maigre intérêt touristique, j’ai décidé de m’y rendre afin d’y effectuer un « pélérinage magellanesque ». L’explorateur portugais est en effet le fondateur de cette ville, et l’on trouve à Cebu plusieurs bâtiments à son effigie ainsi qu’un musée dédié à son périple, la première circumnavigation réalisée par l’Homme. Comme l’Histoire me passionne bien davantage que la plongée, j’ai opté pour Cebu en lieu et place de Palawan, station balnéaire pour ses plages paradisiaques fréquentées par les requins baleines.

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Je consacre ainsi mes deux derniers jours à parcourir les rues de Cebu. Si cette ville ne présente guère de charme avec ses rues poussiéreuses et la circulation incessante qui y a lieu, je m’y sens pourtant comme chez moi. La présence de touristes est en effet ici marginale, et il est fréquent que des philippins intrigués par ma présence m’arrêtent dans la rue. Ravis de constater que je porte un intérêt prononcé à l’histoire de leur ville, ils sont nombreux à me proposer une visite de la ville ou à m’indiquer les lieux qu’ils considèrent comme immanquables.

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Pas très propres les rues de Cebu...

Loin de côtoyer les gangs locaux, je me retrouve plutôt entrainé dans un tour guidé des lieux typiques de vie des habitants de Cebu. Et cela me convient parfaitement, puisqu’au fur et à mesure que le voyage avance, je privilégie nettement l’aspect humain à celui culturel. Rien de tel qu’un dialogue sincère, d’égal à égal avec la population locale, pour saisir avec justesse les particularités de la culture d’un pays.

Comprendre la manière de vivre des habitants, leurs habitudes et leurs coutumes, est le facteur qui me permet de profiter pleinement de cette expérience unique qu’est un voyage de plusieurs mois. Cet échange permet du prendre du recul sur mon quotidien, et me conduit à apprécier davantage la vie que je mène en France.

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Calle Colon, la plus ancienne rue des Philippines

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Sans doute notre génération est arrivée à un tournant idéologique, où tout ce que l’on connait est remis en question. J’ai quitté la France en plein marasme économique et intellectuel, et les nouvelles que l’on m’en donne ne conduisent guère à l’optimisme. Et pourtant, je pense que je n’ai jamais ressenti autant d’envie à y vivre. Certes cette pensée est la conséquence d’une chance inouïe, celle d’être allé sur plusieurs continents en peu de temps, d’avoir connu et pu comparer différentes manières de vivre. L’impact principal de ce voyage aura été de transformer le fatalisme que j’éprouvais en satisfaction non pas naïve mais bien consciente.

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La Cathédrale de Cebu et ci-dessous la croix de Magellan

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C’est sur cette douce et bienheureuse pensée que je quitte Cebu et les Philippines en direction de la dernière étape de ce semestre, le Sri Lanka. Mais avant d’atterrir à Colombo m’attend un moment guère enthousiasmant, un transit de vingt heures à l’aéroport de Kuala Lumpur. Ne souhaitant pas prendre le risque de laisser mes bagages sans surveillance, j’opte pour une cure de caféine en lieu et place d’une rencontre avec le parterre du Terminal International.

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Le début d'une longue attente

C’est dans l’inimitable état d’excitation nerveuse artificielle, qui laisse au fur et à mesure place à une profonde fatigue physique, que j’arrive à Colombo, peu enclin à effectuer une visite immédiate de la ville.

Mais ce sont souvent les moments de galère qui permettent d’apprécier davantage les instants magiques que l’on rencontre sur la route

 

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