Jakarta

Publié le par Flavien Pilyser

 

Au retour du parc national de Taman Negara, j’ai quitté la Malaisie pour une énième destination. Il s’agit cette fois-ci de l’Indonésie, pays dans lequel je suis censé passé une quinzaine de jours. Si nous avons choisi de consacrer la quasi-totalité de notre temps à la visite de Bali, nous souhaitons tout de même fouler l’île de Java et voir la capitale Jakarta.

A ce point du voyage, nous devions agrandir le binôme puisque Michael devait être rejoint par Carine, et moi par ma chère maman. Malheureusement, un volcan a décidé de faire des siennes et voici notre programme chamboulé. Ayant laissé Michael à Kuala Lumpur afin d’arriver le même jour que ma mère à Jakarta, je me retrouve au final seul sur place.

Qu’importe après tout ! Puisque je n’ai qu’un jour et demi à consacrer à cette ville, je n’ai pas le temps de tergiverser. Je passe la soirée à planifier mon itinéraire du lendemain, puis vais me reposer tôt en prévision de ce qui m’attend. Jakarta est en effet l’une des villes les plus étendues d’Asie, mais surement la plus embouteillée dans le même temps. Préférant repousser à mon retour parisien les retrouvailles avec les klaxons, les moteurs fumant, la nervosité ambiante des chauffeurs, …, j’ai décidé de tout effectuer à pied.

DSCF8888

 

Sitôt réveillé, je me mets en route. La première étape doit me conduire autour du parc central, et des monuments qui l’entourent. Sur le chemin, j’en profite pour observer les spécificités architecturales de Jakarta. Contrairement à Kuala Lumpur, la capitale indonésienne donne l’impression d’avoir réussi à conserver une certaine cohérence dans son urbanisation, tout en mélangeant bâtiments d’époque coloniale et édifices plus modernes. Si je ne ressens pas la même émotion qu’à Bangkok, Phnom Penh, Pékin ou encore Tokyo, je suis toutefois séduit par le charme que dégage la ville. De minuscules ruelles résidentielles croisent de larges avenues, densément garnies de monuments tous plus imposants les uns que les autres. Contraste saisissant qui pourrait résumer l’évolution rapide qu’a connu le pays depuis sa récente indépendance (1945) jusqu’à ces dernières années.

DSCF8891 DSCF8894

La mosquée d'Istaqlal

DSCF8898 DSCF8905

 

Le premier lieu que je visite est un incontournable de cette ville. Il s’agit de la mosquée d’Istaqlal, la plus grande d’Asie. Je dois reconnaître que cette réputation n’est sans doute pas usurpée, puisqu’une fois parvenu devant je reste béat non tant devant la finesse architecturale que devant les dimensions de l’édifice. J’obtiens l’autorisation de visiter l’intérieur des lieux, accompagné d’un gardien. Par chance, il s’agit de l’heure de prier. Je profite de l’occasion pour en observer le déroulement, que je ne peux m’empêcher de comparer à ceux vécus auparavant dans les temples ou les églises. Et bien qu’étant non-croyant, je suis impressionné par l’intensité de la foi et le mysticisme qui transparaissent de ces moments de recueil, aussi bien chez les chrétiens que chez les musulmans ou les bouddhistes. Il m’arrive souvent de faire preuve d’un certain dilettantisme autour de mes « valeurs » et je ne peux donc que respecter la discipline et la fidélité dont font preuve tous ces croyants. Et puis il est vrai qu’après 4 mois au cours desquels j’ai visité une centaine de temples, un peu de nouveauté spirituelle fait plaisir.

DSCF8917 DSCF8919

 

DSCF8931 DSCF8933

 

Après avoir fait la découverte partielle de l’aspect religieux en Indonésie, je me penche sur l’histoire du pays en me rendant au Musée National. Situé au beau milieu du parc Merdeka, et surmonté d’une tour de 137 mètres semblable à un obélisque, le musée n’a au final que peu d’intérêt, excepté les fresques situées à l’entrée et la vue panoramique de Jakarta à laquelle nous pouvons accéder depuis le sommet de la tour. Le musée se contente en effet de retracer l’histoire récente du pays depuis son indépendance jusqu’aux dernières années, et nous ne pouvons à mon grand regret rien apprendre sur le visage qu’avait cette multitude d’îles avant la colonisation néerlandaise.

DSCF8920 DSCF8922

 

DSCF8925

Vue panoramique sur Jakarta

DSCF8927 DSCF8928

 

Après ces intermèdes culturels, je me dirige vers le nord de Jakarta où se trouve le vieux port de la ville. Je profite de la balade (il y a plus de 6 kilomètres à parcourir) pour observer tout ce qui se passe autour de moi. J’ai à plusieurs reprises émis l’avis que marcher dans une ville était pour moi le meilleur moyen de la découvrir, et cette promenade dans les rues de Jakarta me le confirme.

Le rythme lent de la marche nous permet de nous concentrer sur ce qui nous entoure et nous percevons ainsi, en sus des spécificités de premier plan ou immanquables, tous les petits détails qui eux constituent le socle sur lequel la vie quotidienne se fonde. Au fil du voyage nous avons appris à distinguer deux choses : ce que les autorités veulent faire voir au touriste, et la réalité quotidienne des populations, rarement mis en avant. Même si les différences existent bien entendu, elles ne sont pas forcément plus prononcées que dans des pays qui nous sont plus familiers…

L’essentiel qui ressort donc à mes yeux est de parvenir à observer ces deux faces d’un pays pour ensuite être en mesure de se forger un avis plus pertinent.

DSCF8942

 

Lorsque j’arrive à Sunda Kelapa, le vieux port de Jakarta, je suis d’ores et déjà satisfait de ma journée. Le trek urbain qui a précédé m’a montré un aspect de la ville différent de celui de la matinée, plus résidentiel, moins touristique. Les monuments ont laissé place aux sourires que les indonésiens me renvoient à chaque fois que je les salue. Les taxis et berlines de luxe ont laissé leur place dans les embouteillages à de vieilles épaves et de nombreuses motobikes. A mon grand plaisir, je ressens moins de gigantisme apparent et bien plus de sincérité.

DSCF8944 DSCF8946

DSCF8956 DSCF8960

 

Mais à la vue des docks du vieux port, je reste scotché. L’enthousiasme remplace la satisfaction, avant d’être débordé par un doux enivrement. Sitôt les premières coques aperçues, je ressens quelque chose de spécial envers cet endroit. Il me semble chargé d’histoire et d’authenticité. Nous sommes bien plus proches d’un port grec de l’antiquité tel que je me l’imagine que d’un petit port breton.

DSCF8954 DSCF8959

 

DSCF8947

 

DSCF8962 DSCF8966

 

De vieux chalutiers sont amarrés, et une flopée d’indonésiens fait des aller-retour entre le quai et le ponton, les bras chargés de tonneaux, de caisses en bois…Il n’y a pas une machine à l’horizon pour débarquer les marchandises. Ici, tout a toujours fonctionné comme ça et cela continuera ainsi m’explique Nyoman, sorte de régisseur local. Je laisse mon esprit divaguer au fur et à mesure des rencontres que j’effectue. Je me sens privilégié, tant le spectacle auquel j’ai la chance d’assister est unique. La simplicité des scènes leur confère une beauté que je qualifierais d’absolue, tant celles-ci paraissent éternelles, atemporelles.

DSCF8965

 

Même si je prolongerai bien mon séjour dans ces lieux de quelques heures, il me faut rentrer à l’hôtel, puisque Michael doit me rejoindre dans quelques heurs et qu’il me reste quelques kilomètres à parcourir. Je décide d’emprunter un autre chemin qu’à l’aller pour découvrir Batavia, le centre-ville historique de Jakarta. Une fois sur place, je ne suis pas particulièrement enchanté par les lieux. Du vieux centre, il ne reste que trois rues pavées, un immeuble délabré et le célèbre café Batavia. L’hôtel de ville se trouve également dans les parages, mais ayant été rénové, il tranche singulièrement avec l’atmosphère d’époque que l’on s’attend à ressentir en arrivant là.

DSCF8973 DSCF8977

 

DSCF8969

Batavia, le centre-ville historique de Jakarta

DSCF8976 DSCF8978

Je poursuis ma route, et tombe au hasard de mes pérégrinations sur un marché couvert, qui s’avère être en fait une usine à faux DVD. De tous les côtés, des indonésiens, sommairement installés sur des tabourets de fortune, impriment les couvertures des films, les découpent puis emballent les DVD. Toute cette mécanique semble bien huilée puisque durant la dizaine de minutes où je parcours les allées, elle se poursuit à un rythme effréné sans que je puisse observer la moindre faillite. Qui a dit que le taylorisme était mort…

DSCF8982 DSCF8937

Stands de faux DVD, de bonbons (il n'y a pas de Haribos, sniff...), et ci-dessous des Barbies indonésiennes

DSCF8938

 

M’étant mis quelque peu en retard avec cette pause inattendue, et surtout assez impatient de tester l’habileté des pilotes indonésiens, j’opte pour un mototaxi afin de finir mon trajet. Fidèle à sa réputation, Jakarta offre au coucher du soleil des embouteillages monstres dans chacune de ses artères principales. Au milieu d’un concert de klaxons et de (probables) jurons, j’assiste à la fois émerveillé et craintif à une véritable performance sportive de mon pilote, qui zigzague en continu parmi les voitures, autobus et dizaines de motos lui barrant la route, en ne mettant presque jamais pied à terre !

DSCF8979 DSCF8939

Embouteillages dans Jakarta, peut-être dus à la longueur de certains feux de circulation...

DSCF8980

 

Même si je ne serai resté qu’une journée à Jakarta, j’en conserverai de très bons souvenirs après la journée assez riche que j’ai vécu. S’il ne s’agit pas de la plus belle ville qu’il m’a été donné de parcourir, elle présente tout de même des particularités qui rendent sa visite très plaisante.

Après cet aperçu de l’Indonésie « Javanesque », m’attend dès demain ce qui est considéré par de nombreuses personnes comme le paradis terrestre, l’île de Bali…

 

Publié dans Information

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
<br /> il devait y avoir quelque chose dans ce port, ou dans le sourire de ces marins, qui manquent cruellement ici! Bon Bali!!<br /> <br /> <br />
Répondre